Ah, ces robes longues fluides et vaporeuses qui nous donnent envie chaque printemps ! Or, avant d’arriver au résultat final (la robe), on est confronté à ce tissu fuyant et désobéissant qui nous donne du fil à retorde. Pas de panique, ici je vous livre quelques astuces pour vous faciliter cette tache de coudre les tissus viscose.
Déjà , la viscose c’est quoi ? C’est pas tout à fait le nom d’un tissu, mais d’une fibre artificielle: c’est la fibre qui existe en nature, comme la fibre du bois par exemple, mais qui est trop courte pour être transformé en filament. Donc, on traite cette fibre chimiquement pour obtenir les fibres longues pour en faire de fils et ensuite tisser ces fils en tissu. En fonction de la matière première on distingue la viscose de bambou, ou modal (à partir des fibres d’hêtre), ou encore la viscose du lait (avec des fibres de caséine). Récemment on parle beaucoup de tencel® – c’est une viscose avec un procédé de fabrication breveté avec des solvants non toxiques et le curcuit de traitement d’eau fermé (pas de rejet de déchets dans la nature, donc).
Par leur propriétés, les tissus en viscose se rapprochent beaucoup au coton: ils sont respirants, faciles à teindre, absorbent l’humidité, sont agréables au toucher. Il y a aussi les inconvénients : ces tissus peuvent être fragiles (surtout quand ils sont humides), ils rétrécissent au lavage considérablement et, en fonction de type de tissage (comme de popelines, par exemple), ils peuvent être très glissants.
Comment apprivoise-t-on de tissus fluides et glissants comme la viscose ? Voici nos conseils pour mener votre projet de coutre à bien.
- Les tissus en viscose retressisent, des fois même beaucoup. Il est donc primordial de laver votre tissu avant de le couper et coudre, sinon vous pourrez être très désagréablement surpris dès le premier lavage du vêtement fini.
2. La découpe. Pour les tissus qui glissent beaucoup, il est conseillé de les découper sur une surface de la table recouvert d’un autre tissu (comme toile à patron ou un tissu flanelle) pour éviter que votre tissu « gigote ». Autre option: le cutter rotatif couplé avec une grande planche de découpe et des poids. Avec un peu d’entrainement on arrive à avoir une découpe nette sans avoir soulévé le tissu, donc plus précise. Enfin, ultime solution est d’amidonner votre tissu pour le rendre plus docile et de rincer votre vêtement une fois il est fini. On peut tremper le tissu dans la maïzena dilué dans l’eau (dans ce cas il faut sécher le tissu déplier pour éviter les plis) ou bien amidonner sur la table à l’aide du « Fabulon » ou utilise « Fabric booster » de Odif qui est conçu exprès pour regidifier le tissu sans laisser les traces. Dans tous les cas il faut procéder à un test au préalable.
3. Le marquage de tissu. Sur les tissus foncés et pas transparents on peut faire le marquage avec du papier carbone et la roulette lisse pour ne pas abimer le tissu fragile. Pour les tissus clairs priviligiez les marquers effaçables à l’eau ou au fer à repasser. Toutefois, faites un petit test pour vous assurer que les marques s’effacent bien sans laisser de résidus.
4. Coudre les tissus viscose.
Préparer l’ouvrage. Les tissus de viscose étant fragiles, pour épingler vos tissus utilisez les épingles très fines comme Couturex de Bohin, les épingles Super-fines de Prym (avec de têtes en verre rouge) ou bien « Entomology Pins » de Merchant and Mills. Ces dernières ont un avantage d’être émaillés et donc elles glissent moins. Pour les points très techniques et precis, je conseille de bâtir avec du fil à bâtir classique ou bien le fil en coton mouliné en un brun fera aussi l’affaire.

Coudre à la machine. Choisissez les aiguilles de machine à coudre fines , universelles taille 70 ou les aiguilles « microtex » pour éviter les stries dans le tissu. Pensez à mettre une aiguille neuve au démarrage de votre projet.
Le fil: fil à coudre polyester fin (grosseur 100, 120) ou fil en coton.
Quand on coud le tissu fin et fluide à la machine à coudre, très souvent on a un problème d’entrainement car le tissu se fait poussé sous la plaque métallique par l’aiguille et ça cause un bourrage. Il existe plusieurs solutions pour remédier à ce problème:
Option 1. Démarrez la couture sur un petit bout de tissu assez épais qui sera bien entrainé par votre machine. Au moment d’arriver au bord de ce tissu, mettez sous le pied de biche le bord de tissu fin bord à bord avec votre chute cousue et commencez par faire un point d’arrêt. Cette technique permet d’éviter le bourrage de tissu au début et en prime vous aurez un joli point d’arrêt sans boucles de fil.
Option 2. Il existe de plaques d’aiguilles pour les machines à coudre familiales avec un tout petit trou pour l’aiguille – les plaques « point droit » ou « tissus fins ». Une fois la plaque changé, vous n’avez plus de problème de démarrage sur les tissus fins car il ne pourras plus se glisser sous la plaque. Pencez à bien centrer votre aiguille pour ne pas la casser !
Une autre solution: le pied de biche « point droit » – c’est un pied avec un pout petit trou pour l’aiguille, le tissu donc est bien plaqué contre les griffes et mieux entrainé. En prime ça donne le point très droit. Toujours, faites attention au centrage de l’aiguille pour ne pas la casser.

et pied de biche point droit (compatible avec JUKI HZL)
Les coutures et les finitions: les coutures anglaises et les coutures rabattues conviennent très bien pour les tissus en viscose comme pour tous les tissus légers, en plus elles sont plus durables. Optez pour les ourlets fins ou ourlets roulottés.
Voilà , j’espère que ces astuces vont seront utiles et vous n’aurez plus peur de coudre les tissus fluides.
Vous en avez d’autres ? N’hésitez pas à les partager avec nous en commentaires 🙂
Bonne couture !